L’Amérique en tête du classement mondial en matière de décès liés à l’usage de drogues

L’Amérique compte environ 4 % de la population mondiale, mais environ 27 % des décès par surdose liés à l’usage de drogues dans le monde. C’est l’une des conclusions surprenantes d’un récent rapport de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime. Mais dernièrement, la situation aux États-Unis s’est beaucoup aggravée en raison de l’épidémie massive d’opioïdes, qui a contribué à une forte hausse du nombre de décès par surdose de drogues au cours des deux dernières décennies.

Les États-Unis, premiers consommateurs d’opioïdes

Les États-Unis ont toujours eu une longueur d’avance sur la plupart des autres pays du monde en matière de décès par overdose de drogues. Et ce, pour diverses raisons. D’une part, les Américains sont relativement aisés et peuvent donc se permettre d’acheter de la drogue. Il semble aussi y avoir des facteurs culturels et socio-économiques en jeu, qui ont entraîné une augmentation du taux de décès « par désespoir » ces dernières années, comme les suicides, l’alcool et les overdoses de drogues.

Il fut effectivement une période durant laquelle les compagnies pharmaceutiques ont fort commercialisé leurs opioïdes aux États-Unis suite à un nombre massif d’ordonnances prescrits par les médecins. Raison pour laquelle le pays est devenu à ce jour, selon les rapports de l’ONU, le leader mondial de la consommation d’opioïdes.

En 1999, moins de 17 000 personnes sont mortes de surdoses de drogues. En 2015, ce nombre est passé à plus de 52 000. C’est plus élevé que les plus de 38 000 personnes qui sont mortes dans des accidents de voiture, les plus de 36 000 qui sont mortes par balles et les plus de 43 000 qui ont succombé au VIH/sida lors du pic de l’épidémie en 1995.

Commerce abusif d’analgésiques : à qui la faute ?

En 2015, plus d’Américains ont été victimes d’overdose de drogues que jamais auparavant. Il s’agit, pour l’instant, d’un problème essentiellement américain. En fait, cette dernière épidémie ne concerne pas seulement les drogues illicites. Tout a commencé avec une drogue légale.

Dans les années 1990, les médecins ont considéré la douleur comme un problème médical grave. En effet, environ 100 millions d’adultes américains ont effectivement souffert de douleurs chroniques en 2011, selon un rapport publié par l’Institute of Medicine. Les compagnies pharmaceutiques ont su profiter de cette préoccupation. Dans le cadre d’une vaste campagne marketing, ces dernières ont incité les médecins à prescrire en grand nombre des produits comme l’OxyContin et le Percocet.

Les analgésiques ont proliféré, tombant entre les mains non seulement des patients, mais aussi des adolescents qui fouillaient dans les armoires à pharmacie de leurs parents, des amis des patients… Et bien entendu, sur le marché noir. Face à l’augmentation du nombre d’abus d’opioïdes, les autorités américaines ont finalement pris des mesures de répression à l’égard des ordonnances d’analgésiques.